Il était une fois une courgette qui voulait devenir citrouille. « courgeons, courgeons « s’écriait-elle à tout bout de champ. Carottes, navets et poireaux se fendaient la poire de la voir courgir ainsi en tous sens, d’autant qu’avec ses allures de tuyau d’arrosage, elle n’avait aucune chance de s’arrondir comme la citrouille. Celle-ci la regardait avec dédain, exposant ses rondeurs cucurbitacées, d’un orangé vif et brillant. Cette belle courge qui pesait 20 kgs bon poids faisait beaucoup d’envieux. Les potimarrons, butternut et autres potirons faisaient pâle figure à ses côtés dans le potager, cependant elles arguaient de l’excellence de leurs bonnes graines oléagineuses. Cette citrouille avait visiblement été boostée aux engrais, elle pouvait toujours faire sa belle, elle finirait découpée en lanterne par de petites mains malhabiles pour la Toussaint. Certes elle illuminerait l’entrée de la maison, mais ses qualités gustatives finiraient sans doute par pourrir. Notre pauvre courgette continuait à courgir, courgir….elle épaississait quelque peu, mais ressemblait toujours à un spaghetti. Elle se rendit compte un jour que le jardinier la traitait avec beaucoup d’amour et que jour après jour, il la regardait avec fierté. La citrouille perdait de son éclat, ayant atteint sa pleine maturité depuis quelques temps déjà. Lors de la fête du potager, la courgette fut mise à l’honneur . Elle réalisa alors que rien ne sert de courgir, il suffit avec amour d’être cultivée.
Cécile
Dans le jardin de Minouche Comme tous les mercredis Edwige accompagnait sa grand-mère Minouche dans son potager. La petite fille attendait ce moment avec impatience, elle n’avait pas le droit de s’y rendre seule. Minouche lui avait expliqué qu’il était dangereux de s’aventurer seule sur le petit pont de bois, elle avait aussi ajouté, avec un petit sourire au coin des yeux, qu’Edwige ne connaissait pas la formule magique pour demander aux fées de débloquer la serrure de la cabane. L’enfant avait insisté pour que sa grand- mère lui apprenne ces mots magiques, mais cette dernière s’était contentée de lui tendre un papier plein d’écritures « Minouche, tu sais bien que je ne sais pas lire, enfin pas encore ! » « Alors, tu devras attendre et apprendre, l’école c’est fait pour ça » La grand-mère et la petite fille entrèrent dans le potager, et Edwige se précipita dans la cabane en bois que Minouche venait d’ouvrir en marmonnant. A l’intérieur, l’enfant prit une grande inspiration et sembla se délecter des parfums de menthe, de romarin et de thym qui séchaient en bouquets accrochés à une poutre. Dans un angle, un nain en céramique était couché dans une cagette, de vieux chiffons en guise de matelas. Edwige s’empara prestement de la figurine : « Bonjour Arthur, tu as bien dormi ? » Elle sortie et s’apprêtait à placer le gnome au bonnet rouge sur une souche, quand elle remarqua une forme orange, qui ressemblait au coussin de yoga de sa grand-mère : « Minouche, c’est quoi ? » « C’est une citrouille, mais il faut attendre, elle doit encore grossir. » « Ça c’est sûr, elle va même beaucoup grossir » répliqua la petite fille d’un air entendu. Edwige plaça alors le nain devant la courge et lui déclara : « Tu vois Arthur, bientôt ici nous aurons un carrosse » La formule magique qu’il faut marmonner aux fées à l’automne : Tu me fous la frousse citrouille J’en ai six des trouilles : Les tapouilles, les clés à douille Les fripouilles, les embrouilles Les hommes- grenouille et les andouilles (La suite est facultative pour les enfants, mais indispensable pour les adultes si vous souhaitez vraiment que la serrure se débloque) Alors avant que je ne parte en couille Citrouille je t’occis dans ma tambouille !
Catherine
La citrouille qui avait la trouille... Chaque année, la compétition est féroce au potager. D'abord il y a Tonton Jacques qui peaufine son costume de corsaire ventripotent et se pratique à brûler d'un feu 'bougie d'intérieur' particulièrement maléfique. Puis Lisa, sa cousine divine, travaille son personnage depuis des mois. Boursouflée à souhaits, elle se pâme dans un feuillage inspiration "été indien". Elle sera ce soir la plus belle des boîtes à surprises, sous sa calotte découpée avec amour se cachent déjà 1000 et une merveilles fondantes, pétillantes et sucrées. - De quoi attirer les bouches les plus voraces du quartier ! se dit Tibout en frissonnant. Quand a Grand-père Georges il a, cette année encore, accepté de se faire cuire au court-bouillon pour la préparation des tartelettes magiques. Il ne reste plus que Gigi, sa tata farcie, qui a son grand désespoir, lui a piqué son idée de citrouille-vomi avec sa bouche dégoulinante de chair effilochée gluante. L'effet est tel qu'il en a le cœur tout ratatiné ! Tibout en est là de ses réflexions lorsqu'une petite coccinelle se plante devant lui et prend racine. D'un air amusé, elle demande : Pourquoi tu caches tes yeux ? Tu as peur, petite citrouille ? - Ouille ! pense la citrouille, en plein dans le mille. Ma chair si tendre ne résistera pas aux attaques de ces petits monstres, je vais me prendre une bonne raclée ce soir. - Et bien je ne les aies pas encore dessiné mes yeux ! répond courageusement Tibout. Je n'ai pas trouvé de crayon voilà tout ! Mais prépare toi petite coccinelle...tu vas avoir à faire au plus terrible monstre méchant de tout le potager ! - hihi, mais tu ne fais pas du tout peur, tu es juste un... riquiqui ! La citrouille rougit de honte comme une tomate. (ce qui n'arrange rien à sa situation). Et la coccinelle d'ajouter : - J'aimerais te faire un bisou, tu es si mignonne ! La citrouille en reste bouche bée, (déjà qu'elle n'y voit rien, voyez-vous) C'est alors que sans prévenir la coccinelle soulève son nouvel ami dans les airs et le bombarde de baisers 'rouge à lèvres' totalement in-dé-lé-biles. Et c'est ainsi que Tibout, la citrouille qui avait la trouille de ne pas faire assez peur, se transforma en citrouille à bisous et fit fureur ! Tout de baisers vêtus, le cucurbitacé fit le bonheur des plus douces abeilles, libellules, et araignées du quartier. La soirée fut un succès !
Emilie