Une soirée paisible Nous sommes au salon, bien installés dans la quiétude d’un samedi soir, mon mari et moi. Mais déjà une ébullition invisible monte en moi. La respiration qui bondit et que je dois brider, comme le fait d’un cheval fougueux, le dresseur impavide. Puis les entrées imprévues qui claquent, tels des feux de bengale : Maryse, ma fidèle. « Tu es venue ! » Daniel. « Oh, et toi aussi . Mais, vous êtes tous là ! » S’exclame Bernard, mon conjoint. Les copains de toujours prennent place petit à petit, seuls ou par couple, autour de nous. C’est l’anniversaire de celui qui partage ma vie et j’ai organisé à son insu une fête surprise. Je partage sa joyeuse stupeur tout en m’occupant à sortir plats et bouteilles préparés auparavant en secret. Tout en m’affairant, je redoute le moment de me mettre vraiment en scène, de m’impliquer. Oserai-je ? J’hésite encore… La passion qui domine ma vie en ce moment est le chant. Comme tout ce que j’entreprends, je me donne à fond. Je prends des cours. Je vocalise, j’écoute admirative des chanteurs connus, je m’enregistre. Bref je travaille à améliorer ma voix. Et Je me suis mise en tête de chanter ce soir devant tous. Mais je doute. Pour bien chanter, il faut se livrer, affronter le regard des autres. -Je ne suis pas capable. Je vais être ridicule. -Tant pis, ça ne tue pas. - il faut que je me concentre et puise au plus profond de mes émotions. - mes amis vont me trouver prétentieuse. - si je chante avec mon cœur alors ils l’entendront et seront touchés. - mon amour, mon binôme sera fier de moi. J’écoute les bribes de conversation qui s’entremêlent. Je regarde Bernard. Comme je voudrais lui offrir un moment « cadeau » qui l’émeuve. Comme je voudrais lui rendre un peu de toute cette patiente attention, de cet amour muet dont il me fait jour après jour un cocon douillet. Peut-être s’exotérisera-t-il enfin, lui le taiseux. J’ai travaillé « I still loving you too much ». Entendra t-il le sens de ce choix ? Bon. Je me lance, je demande le silence. Il faut y aller, ma fille… Ce moment est resté gravé dans ma mémoire car ce soir-là, j’ai eu le sentiment de dévoiler à mes proches un peu de mon moi profond. Je me suis mise en danger de vérité. Aurais-je une si haute idée de moi pour m’être donnée ainsi en spectacle ? Bien sûr, non. J’ai juste tenté de faire entrevoir mon goût pour les belles choses. J’ai essayé de montrer mes efforts pour tendre vers un idéal de beauté. Le résultat fut si dérisoire, si peu à la hauteur de mes rêves, si piètre que d’y penser me fait encore un peu mal. Mais ça c’est une autre histoire…
Anne
La citrouille qui avait la trouille... Chaque année, la compétition est féroce au potager. D'abord il y a Tonton Jacques qui peaufine son costume de corsaire ventripotent et se pratique à brûler d'un feu 'bougie d'intérieur' particulièrement maléfique. Puis Lisa, sa cousine divine, travaille son personnage depuis des mois. Boursouflée à souhaits, elle se pâme dans un feuillage inspiration "été indien". Elle sera ce soir la plus belle des boîtes à surprises, sous sa calotte découpée avec amour se cachent déjà 1000 et une merveilles fondantes, pétillantes et sucrées. - De quoi attirer les bouches les plus voraces du quartier ! se dit Tibout en frissonnant. Quand a Grand-père Georges il a, cette année encore, accepté de se faire cuire au court-bouillon pour la préparation des tartelettes magiques. Il ne reste plus que Gigi, sa tata farcie, qui a son grand désespoir, lui a piqué son idée de citrouille-vomi avec sa bouche dégoulinante de chair effilochée gluante. L'effet est tel qu'il en a le cœur tout ratatiné ! Tibout en est là de ses réflexions lorsqu'une petite coccinelle se plante devant lui et prend racine. D'un air amusé, elle demande : Pourquoi tu caches tes yeux ? Tu as peur, petite citrouille ? - Ouille ! pense la citrouille, en plein dans le mille. Ma chair si tendre ne résistera pas aux attaques de ces petits monstres, je vais me prendre une bonne raclée ce soir. - Et bien je ne les aies pas encore dessiné mes yeux ! répond courageusement Tibout. Je n'ai pas trouvé de crayon voilà tout ! Mais prépare toi petite coccinelle...tu vas avoir à faire au plus terrible monstre méchant de tout le potager ! - hihi, mais tu ne fais pas du tout peur, tu es juste un... riquiqui ! La citrouille rougit de honte comme une tomate. (ce qui n'arrange rien à sa situation). Et la coccinelle d'ajouter : - J'aimerais te faire un bisou, tu es si mignonne ! La citrouille en reste bouche bée, (déjà qu'elle n'y voit rien, voyez-vous) C'est alors que sans prévenir la coccinelle soulève son nouvel ami dans les airs et le bombarde de baisers 'rouge à lèvres' totalement in-dé-lé-biles. Et c'est ainsi que Tibout, la citrouille qui avait la trouille de ne pas faire assez peur, se transforma en citrouille à bisous et fit fureur ! Tout de baisers vêtus, le cucurbitacé fit le bonheur des plus douces abeilles, libellules, et araignées du quartier. La soirée fut un succès !
Janine
Célébrer Imaginer Trop Ronde Orange Unir Inviter Large Lumière Eclairer Comme par enchantement l'été indien envahit mon jardin Ici l'automne explose en couleurs Tout flamboie s'embrase autour de moi Rouge - les milles églantines Orange - les courges qu'entre les larges feuilles vertes je devine Un tapis jaune le gingko étale en douceur Invitation à la flânerie et à la lenteur Large Lumineux Est mon cœur
Vessela